Pascal Dutoit

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais il y a actuellement une petite polémique dans les médias à propos d'un certain type de maillot de bain : le burkini. Je ne souhaite pas revenir aujourd'hui sur la polémique (je pense que tout le monde en a suffisamment entendu parler), mais plutôt sur ce qu'elle montre des politiques. Car cette controverse a clairement mis en lumière le ridicule qui règne dans la sphère politique, et ce quelle que soit la couleur de partie. J'ai eu l'occasion d'en discuter récemment avec des collègues, lors d'un séminaire à Barcelone, et si nous n'étions pas d'accord sur l'objet débat lui-même, nous étions tous d'accord pour dire que les politiques n'en sont pas ressortis grandis. Bien au contaire. Le pire reste à mon sens Nicolas Sarkozy, qui n'était pourtant déjà pas bien grand (que ce soit dans mon estime ou en réalité). Le dernier candidat déclaré pour 2017 prône en effet rien de moins que de modifier la Constitution pour légiférer sur la longueur du tissu du maillot de bain. Si l'on se mettait à mettre de tels détails dans la Constitution, je vous laisse imaginer son épaisseur (celle de la Constitution, j'entends)... Le burkini a joué tout l'été le rôle d'un petit chiffon rouge sous le nez du taureau : il a bien excité le sang des politiciens, qui se sont tous sentis obligés d'y aller de leur petit mot. Pourtant, ce petit chiffon les arrange bien : il évite de devoir s'attaquer au problème de fond. Attention, je ne dis pas que le burkini est sans conséquence. Je considère au contraire qu'il est un réel problème. Mais pas en tant que signe ostentatoire d'appartenance à une religion. Le problème, c'est que là où on le laisse s'implanter, il tend à se multiplier et à tout dévorer. L'évolution des plages du Maroc le montre assez bien. Si on a laissé se cotoyer burkini et bikini sur les plages, afin que chacun puisse profiter de sa liberté, force est de constater que c'est le burkini qui l'emporte, et le bikini qui disparaît, car celles qui le portent se sentent trop regardées. Mais encore une fois, il est bon de rappeler que le fond du problème n'est pas là. Et l'intérêt que les politiques portent à ce détail montre bien leur incapacité à s'attaquer à la vue d'ensemble. Au final, j'ai tout de même pas mal apprécié ce séminaire à Barcelone, tant pour ce débat que pour son organisation. Je vous mets d'ailleurs en lien l'agence qui l'a organisé.